Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste le rôle d’un avocat en droit de la fonction publique ?
Un avocat en droit de la fonction publique accompagne les agents publics dans leurs relations avec leur administration. Cela inclut la défense des fonctionnaires en cas de sanctions disciplinaires, les recours contre des décisions administratives, ou encore les contentieux relatifs à la carrière, comme les promotions, mutations. Il faut également ajouter le contentieux des concours d’accès à la fonction publique et toutes les questions relatives à la sortie des corps (retraite, radiation, révocation, licenciement…).
Cela couvre également le droit des contractuels publics, très nombreux et qui obéissent à un régime qui n’est ni celui des fonctionnaires ni celui des contractuels du privé.
Le droit de la fonction publique régit les relations entre l’État, les collectivités territoriales, les établissements publics et leurs agents. Il repose sur des principes fondamentaux tels que l’égalité d’accès aux emplois publics, l’indépendance des fonctionnaires et la continuité du service public.
La fonction publique en France est divisée en trois grandes branches :
- La fonction publique d’État, qui regroupe les agents travaillant pour les administrations centrales (ministères, préfectures, rectorats, etc.).
- La fonction publique territoriale, qui concerne les agents employés par les collectivités locales (communes, départements, régions) et les établissements publics locaux.
- La fonction publique hospitalière, qui englobe les personnels travaillant dans les établissements publics de santé, comme les hôpitaux et les EHPAD.
Quels sont les principaux types de litiges que vous traitez ?
Parmi les plus courants, on trouve les litiges disciplinaires, lorsqu’un agent est poursuivi par son administration et souhaite se défendre, puis quand il est sanctionné et souhaite contester cette décision.
Il y a aussi les recours en annulation contre des décisions administratives qui affectent la carrière des agents, comme un refus de titularisation ou une notation injuste. Enfin, nous intervenons souvent sur des questions de harcèlement moral ou de protection fonctionnelle.
La question de la santé au travail et celle de la prise en compte du handicap est également très récurrente.
Quelles sont les démarches qu’un fonctionnaire peut entreprendre s’il estime être victime d’une décision injuste ?
La première étape est souvent un recours gracieux ou hiérarchique, c’est-à-dire une demande à l’administration de revoir sa décision. Il existe parfois des commissions adhocs qu’il est impératif de saisir en amont (ce qu’on appelle « recours administratif préalable obligatoire).
Si cela ne suffit pas, il est possible de saisir le tribunal administratif dans un délai de deux mois suivant la décision contestée. Nous conseillons toujours aux agents de se faire accompagner par un avocat pour optimiser leurs chances de succès.
Quels conseils donneriez-vous aux agents publics pour préserver leurs droits ?
Il est essentiel de bien connaître ses droits et obligations. Lire son statut, consulter les textes applicables à sa fonction, et en cas de doute, se rapprocher d’un syndicat ou d’un avocat spécialisé. En cas de conflit, il est aussi important de conserver tous les écrits et preuves permettant d’appuyer un éventuel recours.
Il est très important de veiller aux délais de recours. Les agents publics sont à cet égard moins bien traité que les autres administrés puisque l’administration peut leur opposer le délai de 2 mois dans le cas de décisions implicites (qui par définition ne les préviennent pas de l’existence de ce délai !)
De même, en matière indemnitaire, l’administration dispose d’une prescription « raccourcie » de seulement 4 ans. Il est donc très important de ne pas trop tarder à agir.
Le droit de la fonction publique évolue-t-il souvent ?
Oui, c’est un droit en perpétuelle mutation. Il a une dimension très technique car les dispositions varient assez profondément entre les branches de la fonction publique, mais également au sein de chaque corps.
Ces dernières années, plusieurs réformes ont modifié le statut des fonctionnaires, notamment avec la loi de transformation de la fonction publique. Ces évolutions impactent directement les agents, d’où l’importance d’une veille juridique constante. Une codification au sein d’un attendu « code général de la fonction publique » a par ailleurs été effectuée qui a chamboulé les fondements juridiques applicables.
Au-delà des textes législatifs et règlementaires, le droit de la fonction publique s’appuie sur de très nombreuses circulaires qu’il est important également de connaître. Et la jurisprudence bien sûr, avec les milliers de décisions rendues par les juridictions administratives.
Pour finir, quel est, selon vous, l’aspect le plus gratifiant de du métier d’avocat en droit public?
Sans hésiter, aider les agents à faire valoir leurs droits et obtenir justice. La fonction publique est un pilier de notre société, et il est primordial que ceux qui la servent puissent travailler dans des conditions justes et équitables.