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Qu’est-ce qu’un recours en excès de pouvoir (REP) ? Guide pratique

Qu’est-ce qu’un recours en excès de pouvoir ?

 

Le recours en excès de pouvoir (REP) est une procédure juridique qui permet à tout citoyen de contester devant le juge administratif la légalité d’une décision prise par une autorité administrative; ce recours est consacré par un principe général du droit. Il s’agit d’un pilier fondamental du droit administratif français, garantissant que l’administration respecte la loi et agit dans les limites de ses compétences.

Ce recours peut être exercé contre diverses décisions administratives : refus de permis de construire, sanctions disciplinaires, décisions d’urbanisme, arrêtés municipaux, refus d’autorisation, ou encore décisions relatives à la fonction publique. L’objectif n’est pas d’obtenir des dommages et intérêts, mais de faire annuler une décision considérée comme illégale.

Il s’effectue par voie dématérialisé, au travers de l’application Télérecours, et obéit à une procédure écrite. Cela signifie concrètement que l’audience a lieu après la clôture de l’instruction, diminuant de fait l’importance de la plaidoirie dans ce cadre (par opposition aux procédures orales).

Le recours en excès de pouvoir présente plusieurs caractéristiques importantes. Il est ouvert : toute personne justifiant d’un intérêt à agir peut l’exercer, même sans préjudice financier. Aucun droit de timbre n’est exigé, contrairement à d’autres procédures contentieuses, ni aucune signification par huissiers. Enfin, le délai pour agir est généralement de deux mois à compter de la notification ou de la publication de la décision contestée.

Les étapes de la procédure

 

Le dépôt de la requête : La procédure débute par le dépôt d’une requête auprès du tribunal administratif compétent. Cette requête doit exposer clairement les faits, les arguments juridiques (appelés « moyens ») et les conclusions demandées. Il est vivement recommandé de se faire assister par un avocat, même si ce n’est pas obligatoire en première instance.

L’instruction du dossier : Une fois la requête enregistrée, commence la phase d’instruction. Durant cette période, les parties échangent des mémoires. L’administration concernée dépose généralement un mémoire en défense pour répondre aux arguments du requérant et justifier la légalité de sa décision. Le requérant peut ensuite répliquer par un mémoire en réplique, et ainsi de suite jusqu’à ce que le juge estime l’affaire suffisamment instruite.

La clôture de l’instruction intervient lorsque le juge considère que le dossier est complet et prêt à être jugé. À partir de ce moment, aucun nouveau mémoire ni document ne peut être versé au dossier, sauf circonstances exceptionnelles. Cette étape marque la fin des échanges écrits entre les parties.

Après la clôture de l’instruction, le greffe du tribunal adresse aux parties un avis d’audience indiquant la date à laquelle l’affaire sera examinée.

Le rapporteur public donne le sens de ses conclusions dans les 48 H précédents l’audience; il s’agit d’un magistrat du tribunal qui ne siègera pas, et ne jugera donc pas l’affaire, mais qui propose une analyse et une solution de jugement à la juridiction, indépendament des parties. En matière générale, il est suivi dans la plupart des cas. Il détaille son analyse lors de l’audience, seule véritable intérêt de cette dernière dans le cadre du recours au fond devant le tribunal administratif.

En réponse, les parties peuvent adresser de brèves observations orales.

Le jugement est généralement rendu plusieurs semaines ou mois après l’audience. Il est notifié aux parties par le greffe. Si le juge constate l’illégalité de la décision administrative, il prononce son annulation. Cette annulation a un effet rétroactif : la décision est considérée comme n’ayant jamais existé.

Les délais prévisibles

 

Les délais de jugement en matière de recours en excès de pouvoir varient considérablement selon la complexité du dossier et l’encombrement du tribunal administratif concerné.

En moyenne, il faut compter entre 9 et 15 mois entre le dépôt de la requête et le jugement en première instance. Certains tribunaux administratifs particulièrement sollicités peuvent connaître des délais plus longs. À l’inverse, des procédures d’urgence (référé-suspension, référé-liberté) permettent d’obtenir une décision provisoire en quelques jours ou semaines lorsque la situation l’exige.

Si le jugement n’apparaît pas satisfaisant, les parties disposent d’un délai de deux mois pour faire appel devant la cour administrative d’appel. Les délais d’appel sont également conséquents, généralement compris entre 12 et 24 mois. Un ultime recours en cassation devant le Conseil d’État est possible sur des questions de droit.

Face à la complexité du contentieux administratif, le cabinet Nausica Avocats vous accompagne à chaque étape de votre recours en excès de pouvoir. Notre expertise nous permet d’analyser la légalité des décisions administratives, de construire une argumentation juridique solide et de défendre efficacement vos intérêts devant les juridictions administratives.

N’hésitez pas à nous contacter pour un premier rendez-vous afin d’évaluer ensemble les chances de succès de votre recours et d’élaborer la stratégie contentieuse la plus adaptée à votre situation.

Antoine Fouret - Avocat Associé

Nausica Avocats 

12 Rue des Eaux, 75016 Paris
09 78 80 62 27

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